lundi 12 décembre 2016

L'heure des bilans: révélations, Asie centrale, voyage à vélo, retour matériel

Voilà presque un mois que je suis rentrée, près de deux pour germain, il est maintenant temps de faire le point.
Dans un voyage, il y a des choses qu'on ne peut jamais prévoir avant de partir : des rencontres bonnes ou mauvaises, voir très mauvaises, des différents, la météo, la casse de matériel, etc... Ces aléas font entièrement partis de l'aventure et il ne serait pas drôle de voyager si tout se passait exactement comme prévu. On peut dire qu'en à peine deux mois et demi, nous avons cumulé un bon nombre de mises à l'épreuve, souvent plus que certains cyclovoyageurs partis depuis plusieurs mois, voire années. Il y a eu de la grosse casse sur un de nos vélos, les amibes, l'abandon de Germain,... Mais surtout, notre voyage a bien failli prendre fin très rapidement, dès la troisième nuit....
Alors que nous campions au bord du lac Issy kul au kirghizstan, nous avons été réveillés en pleine nuit par un cheval qui piétinait notre tente. Nous sommes rapidement sortis, en petite tenue, de peur de nous faire écraser, sans comprendre vraiment ce qui se passait. Le cavalier s'est alors penché, a saisi notre tente, et a filé au galop avec.... Tout était dedans: passeport, argent, appareils photos, duvets, doudounes et j'en passe....
Heureusement, la tente s'est coincée un peu plus loin dans les ronces. Nous l'avons récupérée et essayé de tout ranger au plus vite dans les sacoches en repoussant comme on pouvait les assauts réguliers du cavalier qui essayait de nous frapper avec son fouet. S'en est suivi une course poursuite qui a été pour moi effroyable: nous, poussant nos vélos dans la pente pleine de ronces et de cailloux, lui, jetant son cheval sur nous pour nous faire tomber. Le trajet pour atteindre la route m'a semblé une éternité. La route atteinte, notre agresseur s'est alors enfui au galop. Nous avons pédalé comme des fous jusqu'à l'hôtel le plus proche. Difficile de faire comprendre ce qui venait de nous arriver aux locaux qui ne parlaient pas un mot d'anglais.... nous nous sommes réfugiés dans la chambre pour faire le point sur nos affaires. Nous avions réussi à tout récupérer, sauf la tente qui était en bien mauvais état. Je vous passe les épisodes avec la police, où nous n'avons pas été pris au sérieux, trimballés de commissariat en commissariat pour finir sans pouvoir déposer de plainte.  Cette agression nous a vraiment affectés. Nous avons du racheter une tente, mais impossible au début de dormir dedans. Nous ne faisions plus confiance aux gens, nous avions la boule au ventre dès que nous croisions un cavalier (ce qui est plutôt courant au kirghizstan)...
Petit à petit, à force de discuter avec d'autres cyclistes, nous avons compris que c'était un coup de malchance, et nous avons essayé d'être plus prudents, dormant près des habitations en demandant l'autorisation. Voyager à plusieurs a fini de nous ôter nos dernières craintes et nous avons enfin pu apprécier pleinement le voyage.
BILAN ASIE CENTRALE
Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan : trois pays issus de l'ex URSS, avec beaucoup de points communs, comme la nourriture, l'héritage soviétique, le passé des grands conquérants Tamerlan et Gengis khan, pour lesquels nous avons néanmoins ressenti une identité propre. Le kirghizstan affiche pour moi une culture nomade encore très marquée, les kirghizes sont à cheval, mènent les troupeaux dans les grandes steppes, présentent des traits mongoloides, dorment en yourtes. Le tourisme s'y développe énormément et je pense que le folklore traditionnel est intentionnellement mis en avant pour les attirer.
Au Tadjikistan, la population est beaucoup plus mixée. À l'est jusque murghab, on ne croise essentiellement que des kirghizes. A partir du corridor de wakhan, les faciès sont plus afghans/perses, les yeux se débrident, les maisons sont mieux entretenues et les yourtes se font plus rares, les tadjiks sont à dos d'âne. Le pays est plutôt pauvre et a du mal à se remettre de la chute de l'URSS.
En Ouzbékistan, on ressent plutôt une influence turque ou perse, notamment avec les immenses mosquées : Plus de visages bridés, beaucoup moins de folklore nomade. Le coton et le gaz font de l'Ouzbékistan un pays beaucoup plus riche que ses voisins et donc plus indépendant face au géant russe. C'est en Ouzbékistan que j'ai le plus ressenti l'histoire de l'Asie centrale et de la route de la Soie, en visitant ces grands carrefours commerciaux qu'étaient Samarcande et Bukhara.
Je ne pourrai pas dire que j'ai préféré un pays plus que l'autre. Chaque pays a son atout charme: le kirghizstan son folklore nomade, le Tadjikistan ses paysages somptueux du pamir et des fans mountains, l' Ouzbékistan l'accueil formidable de ses gens et les villes magnifiques de Samarcande et Bukhara.

BILAN VOYAGE À VÉLO
PAULINE : Voyager à vélo était une grande première pour moi. Comme chaque façon de voyager, elle a ses avantages et ses inconvénients. J'ai adoré la liberté que l'on ressent, celle de pouvoir aller où l'on veut, s'arrêter où l'on veut et plus vite qu'à pied, tout cela au fruit d'un effort qui ne coûte que notre propre énergie. Cette liberté a ses limites : on doit rester sur des routes tracées, et faire un détour de plusieurs km en montée pour visiter, ou trouver une source chaude devient vite inconcevable par flemme de pédaler plus. Le problème du cyclovoyageur, c'est ça: la flemme de faire autre chose que du vélo, la flemme de bouger quand on a une journée de repos, et la routine de ranger la tente, pédaler, faire à manger, poser la tente tous les jours! Cette routine devient vite agréable mais pour nous, grimpeurs, randonneurs, etc... ne faire que du vélo peut à un moment nous lasser. Je pense que l'Asie centrale est une région qui est parfaite pour faire du vélo, ces pays de nomades se visitent par la route. Pédaler pendant deux mois et demi a été pour moi un vrai bonheur mais je ne pourrai sûrement pas voyager un an à vélo, il y a tellement d'autres choses à faire. Bien sûr, nous avions une contrainte de temps, donc on faisait beaucoup de vélo, et pas grand chose d'autre. Je pense quand même qu'avec plus de temps, j'aurai eu du mal à faire autre chose que du vélo mais d'autres cyclovoyageurs ne conçoivent pas leur voyage de la même manière que nous.
Côté recherche de "soi", voyager à vélo permet difficilement à l'esprit de vagabonder comme on peut le faire à pied. L'effort est plus intense et la concentration est toute réquisitionnée par la route qui est régulièrement en mauvais état en Asie centrale.
Plutôt que le soi, je dirai que ce voyage m'a aidé à touver les autres. Le point qui me paraît le plus important à vélo, c'est la façon dont les gens nous perçoivent. Nous générons (la plupart du temps) la sympathie, l'hospitalité, les encouragements, la curiosité chez toutes les classes d'âges. Nous ne sommes pas des touristes, nous sommes des voyageurs, qui ont une histoire, un trajet, et qui se donnent physiquement pour pouvoir leur rendre visite. C'est ce que je retiendrai le plus du voyage à vélo, ces merveilleuses rencontres, complètement improbables, générées par la magie du vélo.
GERMAIN : Le voyage à vélo, c'est apprendre à avancer même quand tu te demandes ce que tu fais là! 
Je trouve ça super de traverser des pays à la force de ses mollets, être dans des paysages magnifiques, rencontrer des gens d'une autre culture mais j'ai aimé aussi le défi que l'on lance à notre volonté. Quand ça devient dur, le jeu commence, pourquoi ne pas prendre un taxi? Il faut apprendre à débrancher le cerveau.... pour connaître l'immense joie que l'on ressent une fois la difficulté passée. Attention, celle-ci peut être de courte durée. Un instant, on a le sentiment du devoir accompli. D'où les photos aux cols devant nos vélos et les panneaux indiquant l'altitude qui témoignent de notre combat réussi contre la gravité. Pour ça, ma partie préférée a été le pamir. Elle réunie les grands espaces, la beauté des paysages, la solitude et le défi physique et mental. Dans cette région du monde, les problèmes digestifs viennent pimenter le tout. C'est le gros bémol... Il faut pouvoir supporter la bouffe locale.

BILAN MATÉRIEL
- Les vélos
PAULINE: pas de souci majeur avec mon vélo, seulement 2 crevaisons! Par contre, j'ai réussi à fendre un pneu schwalbe marathon après moins de 3000km alors qu'ils sont vendus pour tenir au moins 10000. J'ai écrit au service après-vente qui m'a rétorqué que j'aurai du prendre la gamme encore au dessus, encore plus chère! Néanmoins la plupart des cyclos en sont contents et roulent avec plus de 15000km. Pas de chance pour moi!
GERMAIN: Mon dérailleur s'est arraché à cause d'un pas de vis usé. Ca a entraîné des problèmes sur la cassette et les plateaux avant. J'ai cassé ma chaîne à de nombreuses reprises. Heureusement, dans ces pays même si on ne trouve pas la pièce, tout se répare. Il faut donc y croire jusqu'au bout même quand on pense qu'il n'y pas de solutions. Notre ami le Grec n'a rien lâché pour que nous puissions continuer le voyage à vélo.
- Les sacoches
Nous avons été un peu déçus de la qualité des sacoches Vaude. Dès la première semaine, l'attache d'une sacoche arrière à lâcher à cause du pas de vis déjà abîmé. Nous avons également casser rapidement plusieurs clips. Par contre, rien à redire sur le service après-vente, ils nous ont renvoyé sans histoire les pièces abîmées.
- La tente MSR hubba hubba
Malheureusement, nous ne l'avons testée que sur 2 nuits, avant de devoir racheter une tente chinoise. En conclusion, on pense que les tentes ultralight de randonnée ne sont pas géniales pour le voyage à vélo en Asie centrale. Il vaut mieux prévoir une tente plus solide, plus grande avec une abside pour pouvoir cuisiner, avec le moins de moustiquaires possibles (plutôt 4 saisons) pour le froid et la poussière soufflée par le vent.
- les duvets
PAULINE: rien à redire sur le bloody mary de Valandre. Que ce soit dans le pamir ou au Népal au dessus de 5000m en Décembre, je l'ai toujours gardé ouvert car trop chaud fermé!
GERMAIN: rien à dire non plus sur le phantom torch de chez Mountain Hardwear.
- Le réchaud primus omnifuel: 
Rien à dire, au départ, il fallait souvent le nettoyer (toutes les 3 utilisations) puis il a fonctionné normalement le reste du voyage. Je pense que je ne mettais pas assez de pression dans la bouteille. D'ailleurs, il fonctionne mieux avec la bouteille de 0.6L que celle d'1L.
- la lifestraw:
Je conseille de partir avec un filtre permettant de remplir des bouteilles pour boire et faire la cuisine. Dans cette partie du monde, faire bouillir l'eau au réchaud n'est pas efficace.

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