dimanche 30 octobre 2016

Dushanbe Samarcande : coup de coeur pour les ouzbeks

Après notre petite escapade dans les monts Fans, il me tarde de reprendre la route pour Samarcande (500kms). Un dernier passage à l'hôpital iranien pour Val, et nous quittons Dushanbe en milieu d'après midi pour se rapprocher au maximum de la frontière avec l'Ouzbékistan qui est à 60 km. A peine partis, nous retrouvons les suisses allemands Syria et Nikolas, un couple de cyclo-kitesurfeurs qui font le tour du monde à vélo avec leur kite dans la remorque. On décide de faire la route tous ensemble. Quel convois!!! Un tandem pino (un assis-un couché), 3 vélos+1 remorque. 30 km plus loin, il fait déjà presque nuit, les jours raccourcissent de plus en plus. Nous demandons à planter la tente chez l'habitant mais ces derniers insistent pour nous loger. Ils nous installent dans la pièce principale, nous servent le chai et les fruits du jardin puis nous laissent seuls, avec les enfants heureux d'avoir un peu de distraction.



Le lendemain, c'est le grand jour, on doit passer la frontière et d'après les rumeurs, les ouzbeks fouillent tout, surtout les photos et les médicaments. Je ne sais pas si c'est le fait d'arriver à 5 mais les militaires ont été plus que sympas avec nous: petits tours de Pino pour les uns, visionnage des vidéos de kite surf pour les autres, et puis davai! On peut repartir, après avoir passé moins d'une heure entre les deux pays. Ce premier contact avec les ouzbeks est de bon augure.


Vient ensuite le moment où il faut changer l'argent, ou comment devenir millionnaire avec un billet de 100 dollars!! En Ouzbékistan, l'argent se change au marché noir, car un dollar vaut 6400 soms contre 3200 taux officiel.... faites le calcul, nous voilà donc avec 640000 soms en coupures de 1000 et 5000....un enfer!!! Les liasses de billets sont énormes, nous sommes riches!!!
Je ne m'attarderai pas sur la description des paysages jusque samarcande, qui sont plutôt désertiques, parsemés de champs de coton fané où dépassent les foulards colorés des femmes le ramassant... folie de l'or blanc dans un pays si aride.... 




Mais je souhaiterai rendre hommage aux ouzbeks, qui ont rempli ces derniers 500km de sourires, de chaleur et de moments inoubliables. Voici quelques anecdotes de notre première semaine en Ouzbékistan, riche en belles rencontres et leçons d'hospitalité.



Après la frontière, nous voici à Denov, petite bourgade du sud est de l'Ouzbékistan. Nous faisons l'attraction du bazar, les gens se regroupent autour de nous, nous offrent des fruits, et veulent regarder les vélos, surtout le pino! 

Sortie de la masse, je me retrouve à pédaler à côté d'un petit vieux sur un vélo qu'il a pas mal bricolé. J'engage la conversation avec mes quelques mots de russes et 300m après, le voilà qui nous invite à dormir chez lui. Toute la famille débarque: ses 4 fils, ses 2 filles, ses belles filles... ils nous servent le chai, avec une quantité astronomique de gâteaux, bonbons, chocolats...puis arrivent le plov, le yaourt, les légumes, la vodka... les femmes sont en cuisine, les hommes mangent avec nous et grâce à nikolas qui parle un peu le russe, nous essayons de maintenir la discussion malgré la fatigue. Tous nos déplacements se font accompagnés, même aux toilettes... ils doivent avoir peur que l'on disparaisse dans le trou!! D'ailleurs, la petite dernière qui m'accompagne s'obstine à me tenir la porte ouverte. Les femmes nous rejoignent enfin, on les félicite pour le repas, nous allons exploser!! 



A coup de baillements, nous leur faisons comprendre qu'il est temps pour nous d'aller au lit. C'est les hommes d'un côté, les filles de l'autre. A 5h30, réveil en fanfare chez les garçons, il est l'heure de regarder les photos de mariage du 1er fils... ce sera 6h45 pour nous, on nous lève dans la presse, à tel point que l'on croit que la police est là... Non, non, c'est juste que tout ce petit monde est pressé de nous retrouver pour partager le chai.... A 9h00, nous finissons enfin par partir. Le petit vieux nous raccompagne à vélo sur la grand route, fier de chevaucher à nos côtés devant tout le voisinage.
Nous sommes épuisés!!! Ce soir, ce sera camouflage pour camper tranquilles car nous n'en pouvons plus d'être gavés de nourriture par la population.


 Les gens sur la route nous offrent des kakis, des grenades, du melon, de l'eau, et parfois même de manger gratuit dans leur restaurant.. A côté de ça, ce sont des sourires, des encouragements, des signes de la main qui égayent nos journées sur cette route monotone. 



50 km avant Samarcande, nous passons mon dernier col et campons au sommet avec Syria et Nikolas tandis que Val et pif préfèrent s'arrêter en route. Réveil brutal sous le vent et la pluie, nous cherchons un endroit pour prendre le chai et les attendre au chaud. Nous nous retrouvons dans une énorme salle où plus de 300 couverts sont dressés pour un mariage débutant à midi. Le père du marié nous sert le chai puis se met dans la tête l'idée de nous faire goûter tous les plats du mariage... mouton, charcuterie, salade, tout y passe, même le gâteau infâme à la crème au beurre.... et nous ne pouvons lutter...ce qui fait qu'à 10h, nous avons déjà descendu une bouteille de vodka à 4 et mangé un repas de mariage....


Nous fuyons l'endroit en faisant le signe qu'on doit pédaler jusque samarcande, car sinon, nous serions encore en train de faire la noce à l'heure qu'il est!!
Nous retrouvons Val et Pif et repartons en musique (eh oui, les belges ont sorti leur enceinte) jusque samarcande, toujours sous la pluie. Ces derniers coup de pédales sont chargés de joie mais aussi de nostalgie pour moi. Dans quelques kms, mon voyage à vélo prendra fin, après 3200km parcourus, si peu comparés aux 21000 ou 13000km de mes compagnons, mais si intenses dans l'effort et les rencontres occasionnées. Il va falloir mettre le pied à terre, couper ce cordon qu'est la route, qui nourrit notre voyage et nous relie aux gens et aux pays... Le dôme bleu du Registan de samarcande apparaît soudain au détour d'une ruelle et mon tourment s'envole. Cet édifice majestueux est encore plus beau que dans mon imagination...j'y suis, j'ai rallié Biskek à Samarcande par la force de mes mollets et le voyage n'est pas fini! Il me reste encore à découvrir ces deux villes légendaires, Samarcande et Bukhara, et je compte bien m'y promener à vélo!!
La connexion étant toujours très mauvaise, il faudra attendre un peu pour les photos, idem pour la vidéo du Tadjikistan!






dimanche 23 octobre 2016

Truck surfing et trekking enneigé, je suis Fans!

Me voilà de retour à Dushanbe, ville traître pour les cyclistes qui tombent un à un sous l'attaque des parasites et se réconfortent comme ils peuvent chez Vero en cuisinant de bons p'tits plats.

Heureusement les parasites ca se traite et ce n'est pas un drame!! Sachez que Germain va beaucoup mieux et se remplume rapidement en normandie. De mon côté, le traitement m'a bien mise à plat mais semble fonctionner. Fatiguée de notre inactivité à Dushanbe, je décide de partir avec Cyril et Armony (lesaventuresdecyriletarmony.blogspot.fr) à la découverte des monts Fans dans leur superbe iveco. Pierre-François, alias Pif, membre du tandem belge val-pif (www.triproject.wix.com/triproject) se joint à nous pour la virée pendant que Val lutte contre les amibes bien au chaud chez Vero.
Pour les cyclos que nous sommes, voir la route défiler à toute allure est une grande première mais nous apprécions d'être au chaud dans le truck lorsque la pluie, puis la neige nous cueillent, sans parler du moment où nous avons traversé un affreux tunnel de 7km non éclairé tout poussiéreux.



Nous faisons un premier arrêt bivouac au lac iskander-koul. Le lac bleu turquoise est magnifique, sa couleur contraste avec le rouge des montagnes, et le ciel menaçant. Peu importe, car ce soir, nous dinons au chaud dans le truck et enchainons les parties de coinche.





Le lendemain, nous profitons d'une éclaircie pour se balader aux alentours, puis prenons la direction des lacs alaudins. La route est magnifique, nous parcourons des successions de canyons, de paysages montagneux colorés par les arbres en tenue automnale.
Le lendemain nous partons pour 2 jours de trek.


Les paysages sont splendides, les lacs sont d'une couleur incroyable. Au premier col à 3800m, nous sommes pris dans le blizzard et la neige. Nous posons le bivouac à l'abri de petits arbres et nous nous entassons à 4 dans une tente pour coincher, sursautant à chaque chute de séracs.





Au lever, nos efforts de la vieille sont récompensés par un grand ciel bleu. Pif et moi enfilons nos pieds dans des sacs plastiques dans nos chaussures trempées, n'étant pas chaussés pour la neige, et nous voilà partis pour une belle journée rando aux allures parfois très alpines.









Dernier col à 3600, et nous redescendons déjà vers le camion. Les courbatures se font sentir, le vélo ne préparant vraiment pas à la randonnée. Croûte au fromage et coinche dans le truck pour fêter l'anniversaire d'armony, nous sommes enchantés par cette première expérience de trucksurfing. Un grand merci à Cyril et Armony pour leur accueil et la conduite parfois compliquée sur les pistes de montagnes.

lundi 17 octobre 2016

Le tournant du voyage

Dushanbe, c'est la ville qu'il nous fallait pour nous ré-emplumer car nous avons tous les 2 perdu du poids. La balance de Vero indique 64kg pour moi, soit 6 kg en moins et 2kg en moins pour Pauline... on ne dira pas sur combien  : ) Pudeur féminine.
Chaque soir chez Vero, nous mangeons plus qu'à notre faim quand nous trouvons l'appétit.

 Malgré cela, mon moral a été grignoté par les assauts hebdomadaires des parasites... En d'autres termes, je suis usé par la fièvre, la diarrhée et les vomissements.
Nous faisons donc le point :
-Une fois sortis de Dushanbe, nous allons retrouver les même conditions d'hygiène, les même parasites et je ne veux pas retomber malade.
-Je ne peux plus me permettre de perdre du poids (je commence à me faire peur...)
-Je ne prends aucun plaisir à voyager dans cet état.
-Un bilan médical plus approfondi est nécessaire.
Je prends la décision de rentrer en France.
Pauline, qui n'a pas été atteinte autant que moi, garde le moral et sa motivation à atteindre Samarcande à vélo est intacte d'autant plus qu'un couple de cyclos Belges forts sympathiques (Pierre François et Val) prend le même chemin. Nous savons qu'elle ne sera jamais seul et trouvera toujours du monde sur la route. Elle décide donc de continuer la route et de terminer ce que nous avons entrepris.
C'est donc sans moi qu'elle va atteindre les plus belles mosquées d'Asie centrale.

vendredi 14 octobre 2016

Khorog Dushanbe, sauvés par la Grèce et financés par la Suisse


Reprenons le récit de nos aventures où nous l'avions laissé, c'est à dire avec un velo hors d'usage, coincés à khorog. Comme un malheur n'arrive jamais seul, nous nous retrouvons également sans le sou, les ATM de la ville étant pris d'assaut, et refusant notre visa. Heureusement, les vaudois ont été plus prévoyants que nous et peuvent nous avancer des dollars. Reste le problème du vélo.... et là, débarque à 22h un énergumène volubile, à la roberto Benini, sur un vélo hyper chargé, qui semble arriver d'une autre planète, en l'occurrence la planète grecque. 


Après un bref coup d'oeil, il nous affirme qu'il peut réparer le vélo et qu'il connait un gars qui a tout le matos pour nous faire ça. Nous voilà donc le lendemain embarqués dans une course folle chez un garagiste puis chez un tourneur fraiseur, aux ordres de notre grec tombé du ciel. Le tourneur nous fabrique une vis de novo et un pas de vis, le derailleur tient, nous allons pouvoir repartir! 


Nous reprenons la route le lendemain avec les vaudois. Nous passerons 4 jours à longer la même rivière suivie dans le corridor de wakhan, toujours face à l'Afghanistan, dans des paysages très rocheux. 



Nous avons trouvé cette partie au finale beaucoup plus impressionnante que le corridor et avons du mal à comprendre pourquoi tout le monde est si enthousiaste à propos du wakhan. 












Arrivés à kaila khumb, nous entamons la montée du dernier col de notre voyage, 2000m de dénivelé sur 35 km. 6h de grimpette, et nous redescendons dans un vent glacial pour trouver le bivouac. Nous pedalerons encore 3 jours pour rejoindre Dushanbe, contents de retrouver le goudron 100km avant l'arrivée. Nous ne prettons plus vraiment attention aux paysages, fatigués par nos déboires intestinaux. Seuls les stands de fruits: poires, raisins, pommes, et miel au bord de la route nous font stopper. On fera également une pause à obi garm pour se délasser dans les sources chaudes.

A Dushanbe, nous restons chez Vero, où nous retrouvons une dizaine de cyclistes, tous en attente d'un visa, turkmène, iranien ou ouzbek, et tous en mal de bonne bouffe!! Du coup le soir, les menus sont magiques: Lasagnes, pizzas, tarte aux fraises, cheese cake...... Difficile d'y résister malgré nos infections intestinales!


jeudi 13 octobre 2016

News de Dushanbe!!

Voilà, nous avons enfin atteint hier la capitale du Tadjikistan, après 520 km de dur labeur entre Khorog et Dushanbe .... à vélo ( eh oui, c'était inespéré) !!! Je laisserai Germain vous raconter cet épisode. Nous voilà chez la fameuse Vero, une adepte du warmshower super sympa qui accueille tous les cyclistes du Pamir, mais qui n'a pas le wifi donc soyez patients.
Sérieusement dérangés intestinalement depuis quelques jours, voir semaines pour Germain, Vero nous a envoyés faire des tests à l'hôpital iranien car apparemment cette année, les amibes sont friandes de cyclistes. A la loterie, j'ai pioché Ascaris, un gentil petit ver, par contre ce sera Entamoeba pour Germain. Quelques jours de traitement et nous devrions être tirés d'affaire. L'histoire ne vous dira pas comment nous avons réussi à échantillonner dans un flacon avec une ouverture de 1,5 cm de diamètre...

lundi 3 octobre 2016

Le corridor de Wakhan : un havre de paix et d'harmonie

Encore quelques lacets chaotiques et nous voilà à Langar, lieu de rencontre entre la rivière Pamir et la rivière Wakhan qui forment la Panj. C’est le début du corridor, nous prenons une bouffée de senteurs de fin d’été en pleine figure ! L’aridité et la rigueur du climat dans le Pamir, marqué par l’absence de végétation et de population nous font d’autant plus ressentir ce fort contraste. Ici, nous retrouvons les arbres, les premières couleurs d'automne, les champs, les odeurs de blé coupé, de bétail, les bruits de la vie rurale, la douceur de l’air….






Adieu gants, doudoune, collant, nous ressortons avec joie le short et le maillot de bain. Il règne dans cette vallée une sorte d’harmonie enchanteresse. Les hommes, femmes et enfants travaillent ensemble dans les champs, nous saluent à chaque passage, nous offrent des pommes de terre et nous invitent à leur pause thé. Ils le boivent à la tibétaine : au lait, salé, avec du beurre.
Même les animaux semblent être animés de cette attitude chaleureuse: les vaches s’écartent pour nous laisser passer, les chiens nous saluent en remuant la queue, et les petites chèvres pamiris sont trop mignonnes.

 Il y a dans l’air un parfum de sérénité qui contraste d’autant plus avec les rudesses que nous infligent la route. Les visages se débrident, affichant une origine plutôt turc ou perse. Il n’est pas rare de croiser quelques têtes blondes !
Nous passerons 4 jours dans la vallée jusque Khorog, suivant ce fil turquoise niché entre les montagnes. Côté afghan, nous apercevons entre chaque vallée des sommets escarpés recouverts de neige. Côté Tadjik, les vallées forment des gorges qui alimentent la Panj. 




Nous passons le samedi à ishkashim, espérant pouvoir se rendre au marché frontalier et rencontrer les afghans. Malheureusement, nous comprenons que le marché est depuis un moment interdit, à cause des Talibans. Après Ishkashim, la route s’améliore et la vallée se ressert, les villages afghans ne sont qu’à quelques mètres et les gens nous saluent. Au détour d’un virage, nous découvrons une source chaude juste au bord de la route ! Quel bonheur de faire trempette !! 
40km avant Khorog, c’est le drame ! La réparation du dérailleur lâche, la chaine force sur le pédalier, le tord et se rompt. La malédiction de la wakhan s’abat sur nous. Après un bivouac improvisé, Germain ne se sent pas bien et commence la journée par vomir le repas de la veille, nous essayons de repartir, Germain sur un plateau, une vitesse. Pas de bol, mon pneu arrière est crevé…. Et la chaîne de germain n’arrête pas de casser… comme si ça ne suffisait pas, il se met à pleuvoir, fait assez rare dans cette région pour le signaler… ne voyant pas comment continuer, on arrête un 4x4 de locaux qui chargent tout sur le toit et nous emmènent à khorog. Verdict du mécano de khorog, «peux pas réparer »…. Il va falloir aller voir à dushanbe ! Nous vous tiendrons au courant de la suite des aventures....