lundi 12 décembre 2016

L'heure des bilans: révélations, Asie centrale, voyage à vélo, retour matériel

Voilà presque un mois que je suis rentrée, près de deux pour germain, il est maintenant temps de faire le point.
Dans un voyage, il y a des choses qu'on ne peut jamais prévoir avant de partir : des rencontres bonnes ou mauvaises, voir très mauvaises, des différents, la météo, la casse de matériel, etc... Ces aléas font entièrement partis de l'aventure et il ne serait pas drôle de voyager si tout se passait exactement comme prévu. On peut dire qu'en à peine deux mois et demi, nous avons cumulé un bon nombre de mises à l'épreuve, souvent plus que certains cyclovoyageurs partis depuis plusieurs mois, voire années. Il y a eu de la grosse casse sur un de nos vélos, les amibes, l'abandon de Germain,... Mais surtout, notre voyage a bien failli prendre fin très rapidement, dès la troisième nuit....
Alors que nous campions au bord du lac Issy kul au kirghizstan, nous avons été réveillés en pleine nuit par un cheval qui piétinait notre tente. Nous sommes rapidement sortis, en petite tenue, de peur de nous faire écraser, sans comprendre vraiment ce qui se passait. Le cavalier s'est alors penché, a saisi notre tente, et a filé au galop avec.... Tout était dedans: passeport, argent, appareils photos, duvets, doudounes et j'en passe....
Heureusement, la tente s'est coincée un peu plus loin dans les ronces. Nous l'avons récupérée et essayé de tout ranger au plus vite dans les sacoches en repoussant comme on pouvait les assauts réguliers du cavalier qui essayait de nous frapper avec son fouet. S'en est suivi une course poursuite qui a été pour moi effroyable: nous, poussant nos vélos dans la pente pleine de ronces et de cailloux, lui, jetant son cheval sur nous pour nous faire tomber. Le trajet pour atteindre la route m'a semblé une éternité. La route atteinte, notre agresseur s'est alors enfui au galop. Nous avons pédalé comme des fous jusqu'à l'hôtel le plus proche. Difficile de faire comprendre ce qui venait de nous arriver aux locaux qui ne parlaient pas un mot d'anglais.... nous nous sommes réfugiés dans la chambre pour faire le point sur nos affaires. Nous avions réussi à tout récupérer, sauf la tente qui était en bien mauvais état. Je vous passe les épisodes avec la police, où nous n'avons pas été pris au sérieux, trimballés de commissariat en commissariat pour finir sans pouvoir déposer de plainte.  Cette agression nous a vraiment affectés. Nous avons du racheter une tente, mais impossible au début de dormir dedans. Nous ne faisions plus confiance aux gens, nous avions la boule au ventre dès que nous croisions un cavalier (ce qui est plutôt courant au kirghizstan)...
Petit à petit, à force de discuter avec d'autres cyclistes, nous avons compris que c'était un coup de malchance, et nous avons essayé d'être plus prudents, dormant près des habitations en demandant l'autorisation. Voyager à plusieurs a fini de nous ôter nos dernières craintes et nous avons enfin pu apprécier pleinement le voyage.
BILAN ASIE CENTRALE
Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan : trois pays issus de l'ex URSS, avec beaucoup de points communs, comme la nourriture, l'héritage soviétique, le passé des grands conquérants Tamerlan et Gengis khan, pour lesquels nous avons néanmoins ressenti une identité propre. Le kirghizstan affiche pour moi une culture nomade encore très marquée, les kirghizes sont à cheval, mènent les troupeaux dans les grandes steppes, présentent des traits mongoloides, dorment en yourtes. Le tourisme s'y développe énormément et je pense que le folklore traditionnel est intentionnellement mis en avant pour les attirer.
Au Tadjikistan, la population est beaucoup plus mixée. À l'est jusque murghab, on ne croise essentiellement que des kirghizes. A partir du corridor de wakhan, les faciès sont plus afghans/perses, les yeux se débrident, les maisons sont mieux entretenues et les yourtes se font plus rares, les tadjiks sont à dos d'âne. Le pays est plutôt pauvre et a du mal à se remettre de la chute de l'URSS.
En Ouzbékistan, on ressent plutôt une influence turque ou perse, notamment avec les immenses mosquées : Plus de visages bridés, beaucoup moins de folklore nomade. Le coton et le gaz font de l'Ouzbékistan un pays beaucoup plus riche que ses voisins et donc plus indépendant face au géant russe. C'est en Ouzbékistan que j'ai le plus ressenti l'histoire de l'Asie centrale et de la route de la Soie, en visitant ces grands carrefours commerciaux qu'étaient Samarcande et Bukhara.
Je ne pourrai pas dire que j'ai préféré un pays plus que l'autre. Chaque pays a son atout charme: le kirghizstan son folklore nomade, le Tadjikistan ses paysages somptueux du pamir et des fans mountains, l' Ouzbékistan l'accueil formidable de ses gens et les villes magnifiques de Samarcande et Bukhara.

BILAN VOYAGE À VÉLO
PAULINE : Voyager à vélo était une grande première pour moi. Comme chaque façon de voyager, elle a ses avantages et ses inconvénients. J'ai adoré la liberté que l'on ressent, celle de pouvoir aller où l'on veut, s'arrêter où l'on veut et plus vite qu'à pied, tout cela au fruit d'un effort qui ne coûte que notre propre énergie. Cette liberté a ses limites : on doit rester sur des routes tracées, et faire un détour de plusieurs km en montée pour visiter, ou trouver une source chaude devient vite inconcevable par flemme de pédaler plus. Le problème du cyclovoyageur, c'est ça: la flemme de faire autre chose que du vélo, la flemme de bouger quand on a une journée de repos, et la routine de ranger la tente, pédaler, faire à manger, poser la tente tous les jours! Cette routine devient vite agréable mais pour nous, grimpeurs, randonneurs, etc... ne faire que du vélo peut à un moment nous lasser. Je pense que l'Asie centrale est une région qui est parfaite pour faire du vélo, ces pays de nomades se visitent par la route. Pédaler pendant deux mois et demi a été pour moi un vrai bonheur mais je ne pourrai sûrement pas voyager un an à vélo, il y a tellement d'autres choses à faire. Bien sûr, nous avions une contrainte de temps, donc on faisait beaucoup de vélo, et pas grand chose d'autre. Je pense quand même qu'avec plus de temps, j'aurai eu du mal à faire autre chose que du vélo mais d'autres cyclovoyageurs ne conçoivent pas leur voyage de la même manière que nous.
Côté recherche de "soi", voyager à vélo permet difficilement à l'esprit de vagabonder comme on peut le faire à pied. L'effort est plus intense et la concentration est toute réquisitionnée par la route qui est régulièrement en mauvais état en Asie centrale.
Plutôt que le soi, je dirai que ce voyage m'a aidé à touver les autres. Le point qui me paraît le plus important à vélo, c'est la façon dont les gens nous perçoivent. Nous générons (la plupart du temps) la sympathie, l'hospitalité, les encouragements, la curiosité chez toutes les classes d'âges. Nous ne sommes pas des touristes, nous sommes des voyageurs, qui ont une histoire, un trajet, et qui se donnent physiquement pour pouvoir leur rendre visite. C'est ce que je retiendrai le plus du voyage à vélo, ces merveilleuses rencontres, complètement improbables, générées par la magie du vélo.
GERMAIN : Le voyage à vélo, c'est apprendre à avancer même quand tu te demandes ce que tu fais là! 
Je trouve ça super de traverser des pays à la force de ses mollets, être dans des paysages magnifiques, rencontrer des gens d'une autre culture mais j'ai aimé aussi le défi que l'on lance à notre volonté. Quand ça devient dur, le jeu commence, pourquoi ne pas prendre un taxi? Il faut apprendre à débrancher le cerveau.... pour connaître l'immense joie que l'on ressent une fois la difficulté passée. Attention, celle-ci peut être de courte durée. Un instant, on a le sentiment du devoir accompli. D'où les photos aux cols devant nos vélos et les panneaux indiquant l'altitude qui témoignent de notre combat réussi contre la gravité. Pour ça, ma partie préférée a été le pamir. Elle réunie les grands espaces, la beauté des paysages, la solitude et le défi physique et mental. Dans cette région du monde, les problèmes digestifs viennent pimenter le tout. C'est le gros bémol... Il faut pouvoir supporter la bouffe locale.

BILAN MATÉRIEL
- Les vélos
PAULINE: pas de souci majeur avec mon vélo, seulement 2 crevaisons! Par contre, j'ai réussi à fendre un pneu schwalbe marathon après moins de 3000km alors qu'ils sont vendus pour tenir au moins 10000. J'ai écrit au service après-vente qui m'a rétorqué que j'aurai du prendre la gamme encore au dessus, encore plus chère! Néanmoins la plupart des cyclos en sont contents et roulent avec plus de 15000km. Pas de chance pour moi!
GERMAIN: Mon dérailleur s'est arraché à cause d'un pas de vis usé. Ca a entraîné des problèmes sur la cassette et les plateaux avant. J'ai cassé ma chaîne à de nombreuses reprises. Heureusement, dans ces pays même si on ne trouve pas la pièce, tout se répare. Il faut donc y croire jusqu'au bout même quand on pense qu'il n'y pas de solutions. Notre ami le Grec n'a rien lâché pour que nous puissions continuer le voyage à vélo.
- Les sacoches
Nous avons été un peu déçus de la qualité des sacoches Vaude. Dès la première semaine, l'attache d'une sacoche arrière à lâcher à cause du pas de vis déjà abîmé. Nous avons également casser rapidement plusieurs clips. Par contre, rien à redire sur le service après-vente, ils nous ont renvoyé sans histoire les pièces abîmées.
- La tente MSR hubba hubba
Malheureusement, nous ne l'avons testée que sur 2 nuits, avant de devoir racheter une tente chinoise. En conclusion, on pense que les tentes ultralight de randonnée ne sont pas géniales pour le voyage à vélo en Asie centrale. Il vaut mieux prévoir une tente plus solide, plus grande avec une abside pour pouvoir cuisiner, avec le moins de moustiquaires possibles (plutôt 4 saisons) pour le froid et la poussière soufflée par le vent.
- les duvets
PAULINE: rien à redire sur le bloody mary de Valandre. Que ce soit dans le pamir ou au Népal au dessus de 5000m en Décembre, je l'ai toujours gardé ouvert car trop chaud fermé!
GERMAIN: rien à dire non plus sur le phantom torch de chez Mountain Hardwear.
- Le réchaud primus omnifuel: 
Rien à dire, au départ, il fallait souvent le nettoyer (toutes les 3 utilisations) puis il a fonctionné normalement le reste du voyage. Je pense que je ne mettais pas assez de pression dans la bouteille. D'ailleurs, il fonctionne mieux avec la bouteille de 0.6L que celle d'1L.
- la lifestraw:
Je conseille de partir avec un filtre permettant de remplir des bouteilles pour boire et faire la cuisine. Dans cette partie du monde, faire bouillir l'eau au réchaud n'est pas efficace.

lundi 14 novembre 2016

Tashkent, la fin d'une belle aventure, le début d'une autre!!

Bukhara, 6h du matin, le réveil sonne..... Après un dernier au revoir à Pif et Val, je me lance à velo dans la nuit noire pour faire les 20km qui me séparent de la gare. Allez savoir, en Ouzbékistan, les gares sont souvent hors de la ville. C'est plutôt agréable de rouler sans rien voir, l'air est vif et je croise peu de voitures. J'arrive à la gare au petit jour, et monte dans le train direction Tashkent. Le contrôleur est adorable, il m'aide à monter mon vélo et mes sacoches sous les yeux rieurs des passagers qui trouvent bizarre de se servir d'un vélo comme chariot pour bagages. Le train est plutôt classe, il y a même la tv. Autant dire qu'après 6h de clips musicaux et de films à l'eau de rose, je suis épuisée.





Mission importante, il me faut trouver un carton pour emballer mon vélo. Je parcours les grandes avenues soviétiques à la recherche d'un magasin de vélo. Bingo! le premier que j'avais repéré sur internet me déniche un carton pour minivoiture électrique (qui fera fureur à l'aéroport). Sauf que je suis à vélo et qu'il faut trouver un moyen de le ramener à l'hostel. Le vendeur me dit, pas de problème, j'appelle un ami. 30 min plus tard, l'ami en question arrive ... à pieds! Le vendeur enfourche son vélo, attrape le carton et me dit on y va?? L'ami est juste venu garder le magasin... Que de gentillesse, il fera les 10km jusque l'hostel en portant le carton à bout de bras, manquant plusieurs fois de s'étaler par terre...


Je profite de mes 2 jours à tashkent pour flâner à vélo dans les parcs, tourner autour des statues, parcourir les grands boulevards, visiter les quelques mosquées et madrasas rescapées de la soviétisation, qui ne font aucunement de l'ombre à celles de bukhara ou samarcande!












L'attraction majeure de Tashkent est son énorme bazar chorsou! Je passe un après midi entier à déambuler entre les étalages de fruits, de légumes, fruits secs, pain, pâtisserie, viande, poisson et les rayons de tissus, vêtements, etc.... les vendeurs me font goûter plein de trucs, on discute, je leur montre mes photos, et dois souvent refuser leur invitation à venir manger un plov!! Fini le gavage, mon estomac n'en peut plus!







Il est temps de démonter le vélo et de le ranger dans sa boîte. Grand moment de solitude! D'un, parce que cette fois ci c'est vraiment la fin. De deux, parce que le gérant ne m'a laissé que le petit vestibule d'entrée pour faire mon affaire! Mon vélo est encore couvert de poussière et de boue, je m'en mets partout. Après une heure de démontage assise à moitié dans le carton, de scotchage intensif, et de grognements, le vélo est rentré dans la boîte... je suis couverte de poussière, j'ai les mains noires et au regard des autres, je dois aussi en avoir sur la figure.



Mais, mission accomplie! Je vais fêter ça avec un petit "lavash", sorte de kebab dans une crêpe (pensée pour pif et val) et un banana lassi, pour me mettre dans l'ambiance népalaise.. J'ouvre ainsi un nouveau chapitre, vers les sommets himalayens, en essayant de refermer le plus en douceur possible ce chapitre de l'Ouzbékistan et de l'Asie centrale.


Une dernière épreuve m'attend: l'aéroport et la vérification des registrations. En Ouzbékistan, les touristes doivent s'enregistrer au moins une nuit sur 3 dans un hôtel. A vélo, ce n'est pas toujours possible et je compte bien sur leur souplesse (qui n'est pas du tout légendaire). L'aéroport est un véritable parcours de santé avec mon carton et mon bagage. Pas d'ascenseur, que des escalators, bref, je n'arrête pas de porter. Et pas de chance, quand il s'agit de faire la queue, les ouzbeks perdent totalement leur côté hospitalier et généreux... ça pousse, ça double, et surtout ça ne m'aide pas!! Je me démène seule avec mon carton, il faut l'enregistrer avec les bagages, sauf qu'il ne passe pas sur le tapis à cause de l'angle droit, donc je dois le porter plus loin... personne ne bouge, je finis par en désigner un pour m'aider. Ils pensent tous que je transporte une voiture à cause de la photo sur le carton.
Je suis en nage mais soulagée de m'être débarrassée de mes bagages. Vient maintenant le stress des registrations, surtout que je viens de m'apercevoir que le dernier hostel a oublié de me la filer! Après 3 contrôles de passeport, deux contrôles des bagages, toujours rien. Il ne me reste plus qu'à passer le portillon de sécurité.... là encore, si on écoute les histoires de touristes, lorsqu'on n'est pas en règle pour les registrations, c'est la catastrophe! Apparemment, à l'aéroport, ils ne les contrôlent même pas, je suis sauv.... "mademoiselle, veuillez me suivre s'il vous plaît,  "bagage open".... Quoi encore? Mon nom est sur une liste, je pense qu'ils m'ont choisie pour fouiller mon bagage à main. Je suis le militaire qui m'entraîne dehors vers un hangar. Je ne fais pas la maline. Il me répète "bagage open"... mince, est ce que mon carton de vélo a déjà craqué???
Dans l'entrepôt, je retrouve mon sac avec les sacoches, il a l'air intacte. Le militaire me montre à l'écran le scan et semble embêté par une grosse tâche noire. C'est ma chaine de rechange pour le vélo, il pensait que c'était une grenade! On aura tout vu... J'arrive à le convaincre de ne pas me faire tout désempaqueter.
Me voilà enfin dans l'avion, la tension se relâche. Viendra bientôt le temps du bilan de cette recherche de soie. Mais chaque chose en son temps, je profite pour le moment de la joie de rentrer à la maison et de l'excitation d'entamer une nouvelle histoire au Népal, ce pays qui me tient tant à coeur.
L'Ouzbékistan en image, c'est par ici!

jeudi 10 novembre 2016

Vidéo Tadjikistan!


Me voilà à Tashkent après une journée bien sportive de vélo/train. La connexion est un peu meilleure, j'ai enfin pu charger la vidéo du Tadjikistan!! Côté musique, on a du faire avec la playlist des belges car impossible de télécharger quoique ce soit ... donc ce ne sera pas très traditionnel!
 
Movie Tadjikistan from Pauline g on Vimeo.

mardi 8 novembre 2016

Bukhara, trésor d'Asie centrale


Je laisse les photos parler... Bukhara est un trésor d'architecture avec ses minarets et ses madrasas et un grand centre d'artisanat ouzbek pour les tapis, broderies et travail de la soie. Un endroit magnifique, enchanteur, beaucoup plus authentique que Samarcande....


























samedi 5 novembre 2016

Samarcande-bukhara: Trio d'oies en pleine tempête!!

Bukhara!! Cette fois-ci, c'est bien la fin du voyage à vélo...
Nous avons pris notre temps pour ces derniers 260 km, affrontant tempête de sable, tempête de pluie et gavage ouzbek intensif!


A samarcande, nous laissons Nikolas et Syria qui se rendent directement à Khiva en train pour arriver en suisse avant Noël. Nous repartons donc en trio avec le tandem belge, sous un vent chaud de sud est qui se lève. Le vent souffle de plus en plus fort, apportant le sable du désert. On ne voit bientôt plus qu'à quelques mètres devant nous, roulant dans un brouillard jaunâtre, les yeux plissés pour se protéger de la poussière. 

Ca commence à grincer sous la dent et le vent freine notre progression. On décide vers 16h30 de chercher un endroit pour dormir. Nous tombons par hasard sur une famille ouzbek où l'un des fils travaille à saint pétersbourg et parle quelques mots d'anglais. La famille se fait une joie de nous accueillir, et nous installe de suite à table! Commence alors un véritable gavage, qui va durer près de 4h!! On débute par le chai, les biscuits, les fruits, les cacahuètes, puis le plov, puis le miel, la meringue, puis un ragoût de pommes de terre.... Vient enfin une petite pause pour apprendre quelques pas de danse ouzbek avec les femmes. 


Nous leur montrons nos photos, nos itinéraires de voyage, notre famille, ils sont très attentifs et enthousiastes. L' un des fils vient de se marier et veut absolument nous emmener voir le restaurant dans lequel ils ont fait la cérémonie.




Nous partons donc en voiture avec le père et les deux fils en leur ayant fait comprendre qu'on ne veut plus rien manger! Arrivés dans le parc, nous entendons au loin de la musique...on est mercredi mais on dirait qu'il y a un mariage qui se déroule dans la salle du restaurant. Nos hôtes sont ravis et nous poussent vers l'entrée. Nous perdons alors tout contrôle de la situation... Apparemment, ramener des étrangers à un mariage est le plus beau cadeau que l'on puisse faire aux mariés... La table la plus proche nous libère 3 chaises, et en un temps record apparaissent toutes sortes de plats sucrés ou salés. 



















Les gens nous encouragent à tout goûter.... je trouve mon salut dans les verres de vodka... mon ventre va exploser, je ne peux plus rien avaler....alors on se lance dans une série de toasts qui leur fait oublier la nourriture, amusés de voir deux femmes descendre les verres qu'ils nous servent. Dans la salle, il y a plus de 500 personnes, hommes et femmes faisant table à part. Nous sommes assises avec les hommes, la femme européenne représentant je pense une sorte de 3ème genre. Les mariés sont assis ensemble à la table d'honneur tout au fond, nous les voyons à peine... Après une dizaine de shots, il est temps pour nous de faire un discours de félicitations pour les mariés. Nous poussons Pif vers le micro... notre hôte fait le traducteur, les gens semblent tellement touchés par notre présence que c'en est presque gênant. Ils veulent tous nous avoir à leur table... Après deux tables, nous faisons comprendre à notre hôte qu'il est temps de rentrer.


 Ce n'est pas fini, il faut encore aller manger une glace au glacier du parc appartenant au beau père qui veut absolument nous inviter. Il y tient tellement que nous ne pouvons refuser. Il y a une telle reconnaissance dans leur yeux... ils sont touchés que nous visitions leur pays, ils sont fiers de nous accueillir, et nous essayons tant bien que mal de leur donner autant.

Le lendemain matin, j'ai un pincement au coeur de quitter cette famille. Ils se sont tous levés pour partager le petit déjeuner avec nous. Nous n'avons passé qu'une soirée ensemble mais autant de bonté et de générosité réunies m'ont touchée au plus profond.

Nous reprenons la route chacun dans nos pensées sans savoir que les prochains soirs seront aussi riches en émotions! Le vent souffle toujours très fort, et le ciel est très menaçant. A midi, nous faisons une pause dans une cantine locale. A peine assis, la pluie se déchaîne et forme rapidement des rivières un peu partout. Nous restons au chaud, attendant que ça passe. Après 3h de sieste sur la table, nous comprenons vite qu'il va pleuvoir toute la journée. On s'équipe pour repartir lorsqu'un voisin de table m'aborde en anglais et me demande où est ma maison. Je lui dis en France! Il me répond qu'il est hors de question de nous laisser repartir dans un temps pareil et nous invite chez lui. Je vous passe la description du festin, mais nous passons une très belle soirée. Khusan a deux fils, et un neveu de 15 ans qui parle super bien l'anglais, nous sommes très impressionnés. Il a aussi une soeur qui habite à Navoi, à 100km de là sur notre route qui mène à Bukhara. Il nous "propose" de l'appeler pour qu'elle nous héberge le lendemain! On ne dit pas non, ça nous fera un bon objectif!


Au petit matin, le ciel est lavé de toutes poussières et nuages, le soleil brille déjà. Par contre, nous avons perdu 15 degrés. Nous pédalons joyeusement le vent dans le dos, se demandant à quel sauce nous serons mangés le soir même. 


Une vingtaine de km avant notre objectif, un taxi se gare juste devant nous, en sort une petite dame toute excitée qui se dirige droit sur nous. Quelle surprise!! C'est la grand mère de la veille qui est venue nous "ré" accueillir chez sa fille avec sa petite fille. Peu après, nous tombons sur yolanda, une espagnole bien rigolote que nous avions rencontrée à Dushanbe. Elle se joint à notre troupe. Un véritable comité d'accueil nous attend au coin de la rue: la grand-mère, la fille et ses 3 enfants, et la voisine. Là encore, un des enfants parle très bien l'anglais et fait office de traducteur. Après un goûter gargantuesque, nous nous installons pour la première partie du dîner.






Le père a fait venir un ami prof d'anglais pour nous faire la conversation. Ce dernier nous annonce très vite qu'il ne peut pas vraiment rester car ils célèbrent chez lui le mariage de sa soeur. Il tient absolument à nous y emmener faire une apparition. Notre hôte nous donne le feu vert en nous faisant promettre de revenir pour la dernière partie du dîner... On n'en peut déjà plus!!!! Au mariage, pif est envoyé dans la salle des hommes et nous chez les femmes. On nous fait de la place autour d'une table chargée de nourriture.... la mariée nous fait le salut traditionnel, le voile posé sur la tête qu'elle tient devant elle. Les femmes nous font signe de manger et commencent à nous servir de la soupe, des gateaux, du pain, des sodas! Nos protestations n'ont aucun effet : kushe, kushe!! Mangez mangez!!! 

Nous discutons un peu avec la femme du prof d'anglais qui est elle aussi enseignante. Lorsqu'on lui annonce que l'on a toutes plus de 30 ans, que l'on n'est pas mariée et que l'on n'a pas d'enfant, c'est l'incompréhension totale! "So what, you JUST work and travel???" Choc des cultures, mais quand on voit l'air triste de la mariée, on se demande quand même si les mariages ici ne sont pas arrangés. Les mamas ouzbeks ne nous lâchent pas, nous ne savons plus comment esquiver leurs attaques pour nous nourrir. L'ambiance est plutôt détendue sinon, elles boivent même de la vodka, chacune y va de son petit discours (nous n'y couperons pas non plus). 


Le prof d'anglais vient enfin nous libérer pour nous ramener chez nos hôtes. Pif est enchanté de sa soirée chez les hommes qui fut apparemment très solennelle. Dans la voiture, nous prions pour que nos hôtes aient oublié le deuxième dîner... en arrivant, grosse surprise!! Les enfants de la veille sont également venus pour nous retrouver et passer leurs vacances chez les cousins. Une fois passée la joie des retrouvailles, nous leur montrons quelques vidéos de voyage... Il semblerait que le deuxième dîner a été annulé! Victoire!!!! 
Le matin, nous prenons le petit déjeuner en famille avec les 6 enfants, les parents et la grand mère. Ils veulent absolument nous emmener voir un caravane sérail non loin de leur maison. Les 2 grands prennent les vélos pour partager un bout de route avec nous, tandis que les autres s'entassent dans la voiture familiale. Séance photo oblige, ils adorent ça!




Il est maintenant temps de se séparer, il nous reste encore 100km à faire aujourd'hui si l'on veut atteindre bukhara. Nous laissons des adolescents plein d'étoiles dans les yeux, rêvant déjà à leur tour du monde à velo quand ils seront plus grands, des petites en pleurs, ne voulant pas que l'on parte, et des parents honorés de nous avoir eu dans leur maison et d'avoir pu partager un peu de leur culture.




Ces derniers jours auront bouleversé ma vision du voyage. Plus question d'avaler les kilomètres, de gravir les sommets ou d'admirer les paysages... ici, en Ouzbékistan, le voyage est intérieur.

 Tous ces échanges avec des gens si bons, si chaleureux me font réfléchir sur nos mentalités européennes. Chez nous, ces notions d' hospitalité et de générosité sont devenues tellement rares!! Nous recherchons toujours à obtenir plus, gagner plus, avoir plus alors que la clé du bonheur semble être ici dans l'échange et le partage. Les valeurs de la famille sont très fortes, les hommes comme les femmes, générations confondues, entourent beaucoup les enfants qui semblent heureux, curieux et si peu capricieux. J'espère vraiment tirer des enseignements de tous ces gens qui m'ont ouvert leur porte et je conseille à tous les voyageurs qui se rendent en Ouzbékistan de sortir des sentiers touristiques pour aller à la découverte de ce peuple merveilleux.